Thème « Le travail » en prépa scientifique : tout savoir
SOMMAIRE
À l’approche de l’année scolaire 2022-2023, les étudiants en prépas scientifiques se pencheront sur le thème du « travail » en français-philosophie. Comme d’habitude, vous aurez trois œuvres à étudier lors de vos années de formations, à savoir :
- Géorgiques, de Virgile, traduction de Maurice Rat, GF Flammarion ;
- Par-dessus bord, de Michel Vinaver, version hyper brève, Actes Sud – collection Babel ;
- La condition ouvrière, de Simone Weil, Gallimard folio essais, 2002, N°409 ;
- « L’usine, le travail et les machines » pages 49-76 et 205-351 (mais sans « journal d’usine », page 77 à 204)
- « La condition ouvrière » pages 389 à 397 et « Condition première d’un travail non servile » pages 418 à 434.
Plusieurs ouvrages traitant du sujet devraient paraître au cours des prochains mois. Afin de mieux vous organiser, retrouvez parmi eux :
- Le travail – prépas scientifiques français-philosophie – 2022-2023, de France Farago et Gilbert Guislain, Collection J’intègre – Concours Écoles d’ingénieurs, aux éditions Dunod (à paraître en juin 2022) ;
- Le travail – Virgile, Les Géorgiques ; Weil, La Condition ouvrière ; Vinaver, Par-dessus bord. Edition 2023, Collection GF Prépas Scientifiques, aux éditions Flammarion (à paraître en juin 2022) ;
- Le travail – Tout-en-fiches – Prépas scientifiques Français-philosophie – Programme 2022-2023, de Nicolas Cremona, aux éditions Dunod.
Edulide vous récapitule dans cet articles les informations essentielles à retenir sur les œuvres et sur le thème du travail !
Géorgiques : le travail agreste selon Virgile
Poème didactique composé d’environ 2000 vers, écrit entre 37 et 30 av. J.-C. pour son ami Mécène (homme politique romain, proche de l’empereur Auguste), Virgile met le travail à l’honneur, en témoignant l’amour à l’agriculture, qui a été ravagée par les guerres de la république romaine. C’est un hymne à la nature et au labeur humain, luttant contre l’abandon des campagnes. Il ramène le travail en tant que condition de l’élévation des hommes.
Virgile divise son poème en quatre livres, chacun traitant d’un sujet différent des autres, mais rassemblé sur un seul thème : le travail. Ainsi :
- Le premier livre dénomme la description des moissons et tout ce qui s’y joint, à savoir la météo, la terre, le labourage à l’aide d’instruments. Le livre explique pourquoi les hommes doivent fortement travailler, et se clôt avec la mort de Jules César ;
- Le deuxième livre vante les mérites agricoles de l’Italie, supérieurs aux produits étrangers (comme la soie de Chine). Virgile décrit notamment la culture des arbres, l’exigence de la culture de l’olivier et la vigne, mais également les modes de reproduction des arbres et des arbustes. Il termine le livre par un hommage à la vie champêtre ;
- Le troisième livre est consacré à l’élevage des animaux, à la description du cheval et de l’hiver en Scythie, mais il aborde aussi une sombre tournure pouvant survenir dans la vie agricole : les conséquences d’une peste sur les animaux de ferme. Virgile conclut le livre avec les hommes ayant perdu leur source de travail animale ;
- Le quatrième livre est quasiment consacré à la culture et à l’éducation des abeilles, comment en prendre soin, et comment est régie la société de ces insectes (lois, mœurs), le tout dans une gloire grandiloquente. Le livre aborde également le double mythe des héros Aristée et Orphée, qui ont tous deux subi des pertes (Aristée ayant perdu ses abeilles, et Orphée ayant perdu sa fiancée Eurydice).
Par-dessus bord : le travail en guerre entrepreneuriale
Dramaturge et écrivain, Michel Vinaver occupait parallèlement un travail de cadre, puis de directeur général dans l’industrie, au sein de l’entreprise Gillette.
Par-dessus bord tient pour sujet le monde l’entreprise, une guerre acharnée entre une multinationale américaine et une PME familiale, pour dominer le marché français du papier toilette. L’œuvre tend à être une épopée du capitalisme, dynamitée de l’intérieur avec brutalité ; ce qui est montré est l’américanisation de la société. Sont montrés le passage de la libération des mœurs de la société, du management à la civilisation des loisirs, du marketing à la société de consommation.
Sept dimensions harmonisent l’œuvre : épique et action mythique, farce et comédie, drame shakespearien et théâtre total, avec un désenchantement post-moderne.
Vinaver montre qu’un nouvel élan du capitalisme est en train de rebondir, absorbant tout sur son passage ; depuis la nuit des temps, il est objet de fascination et a réussi à s’imposer comme utopie universelle, promettant une abondance perpétuelle de la société.
Il existe quatre formes de l’œuvre : « l’Intégrale », « la Brève », « la Super – brève », et « l’Hyper-brève ». La dernière forme est celle que vous aurez à lire.
La condition ouvrière : les opprimés face aux puissants
Durant un temps indéfini, Simone Weil s’immerge au sein d’une usine en tant qu’ouvrière, afin de prendre en note et vivre l’expérience des conditions de travail des ouvriers, à la suite des échos aberrants qu’elle avait recueillis. En somme, elle cherche à avoir un contact direct avec le terrain. Ainsi, elle décrit la dureté des tâches physiques, l’impact du travail sur le moral des ouvriers, les relations de pouvoirs existantes, un rapport maîtres-esclaves.
La condition ouvrière est un recueil d’échanges nombreux qu’a eu Simone Weil avec des grands patrons, des mouvements syndicalistes, mais aussi avec certains proches. À travers ce recueil réfléchi, Weil cherche à comprendre les fondements de la brutalité ouvrière, et propose des axes d’amélioration, afin d’enlever cette étiquette de « travail servile » des ouvriers. Elle juge probable que ces derniers peuvent atteindre une forme de joie exaltante à travers la souffrance, dans une perspective philosophique et politique, afin qu’ils retrouvent leur dignité perdue.
Pas de sentimentalité, ni de lyrisme, La condition ouvrière est un manifeste brut où s’assume la position éthique de Simone Weil, celle d’être toujours solidaire avec les opprimés.
Le travail, une réflexion philosophique au cœur de la société humaine
De nos jours, le travail se constitue en tant que pouvoir d’échange. Nous travaillons tous pour accomplir des objectifs, dans un monde où la compétition entre individus est vue comme une forme de valeur essentielle, sans tenir compte de l’existence des personnes autour. Cependant, le travail est souvent vu de manière négative : il oblige l’homme à exercer une fonction quelconque afin de survivre. Un paradoxe s’illustre sur le thème du travail : son rejet et sa qualité essentielle.
Le travail semble être une caractéristique propre aux êtres humains, il crée des richesses mais aussi une société. Cela permet à l’homme de se dépasser par rapport à la nature, où certains animaux (comme les abeilles par exemple) construisent un nid simplement en obéissant à leur instinct, contrairement à l’homme qui « pense d’abord » à ce qu’il peut et/ou va faire pour innover dans un domaine.
En soit, nous pouvons dire que le travail est présent dans chaque pan de la société, que ce soit en art, en politique, ou dans les institutions scolaires ; c’est un facteur nécessaire à l’accumulation de connaissances et au dépassement de soi. Il est souvent objet de subjectivité ; chacun a une façon propre d’interpréter le travail (qui existe sous plusieurs formes), comme aliénation ou comme force motrice pour la société.